Covid 19 : Halte aux profiteurs !

9 mai 2020

Alors que sonne l’appel au déconfinement et à la « reprise économique », l'eau qui mord revient sur les derniers mois de poursuite d’activité de l’entreprise Nestlé à Vittel.

Silence dans les rangs

« Nestlé s’adapte à la crise » titrait Vosges matin dès le 14 mars dernier. « Pas de problème d’approvisionnement ».

L’usine d’embouteillage d’eau Vittel-Contrex-Hépar, avec sa noria de camions, n’a pas cessé de tourner pendant le confinement covid. Pourtant, sa production n’est pas essentielle. De fait, des salarié.es, venu.es de Vittel, Contrexéville et villages voisins, ont été inutilement exposés au risque sanitaire. Sans parler des centaines de transporteurs et employé.es des plates-formes de vente en ligne ou de la grande distribution chargés de manipuler toute cette marchandise.

Une fois de plus, Nestlé a trouvé le moyen de préserver la paix sociale. En affirmant « assurer la sécurité de ses salariés » bien sûr mais aussi en promettant à chacun d’entre eux une « prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1 000 € nets » (pouvant aller…).

Le plus important n’était-il pas de maintenir la croissance donc le profit ?

Pour le premier trimestre de crise sanitaire, la multinationale affiche sa « résilience » (résistance) face à la crise sanitaire.

Et en dépit de la catastrophe économique et sociale annoncée, elle a maintenu sa promesse d’augmenter les dividendes de ses actionnaires. Ces dividendes, en croissance continue depuis 2012, seront 10% plus élevés pour l’exercice 2019 que pour celui de 2018. Ainsi en a décidé l’assemblée générale du groupe qui s’est tenue le 23 avril 2020.

Foi de Nestlé

Nestlé, dont l’image en a pris un coup notamment avec le scandale de l’eau de Vittel, a profité de la crise sanitaire pour se refaire une image de « responsabilité et solidarité ».

« Nestlé se mobilise pour les soignants de la région » titrait Vosges matin le 4 avril. 

Dans la région Grand-Est, elle déclare avoir fait don de «115 000 de bouteilles d’eau, 16 000 flacons de gel de sa fabrication, 120 000 équipements de protection ».

Par comparaison, rappelons que Nestlé a distribué 1 million de bouteilles lors du tour de France 2018, 600 000 lors du marathon de Paris 2019. Elle produit 1 milliard 600 000 bouteilles d’eau par an à Vittel. Quant aux équipements de protection, on ne sait toujours pas comment la multinationale s’est procuré tous ses masques, charlottes, blouses à l’heure où l’Etat se montrait incapable d’en fournie en nombre suffisant aux soignants ?  

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La crise covid n’a pas empêché Nestlé de lancer comme prévu sa toute nouvelle bouteille de 2l d’eau de Vittel en plastique. Au niveau local, Vosges matin a fait son travail habituel en passant l’information à deux reprises : dans un article spécifique intitulé « Nestlé : bientôt une bouteille de 2L 100 % recyclable » et dans la publication ci-dessus sur la « mobilisation de Nestlé pour les soignants ».

Peu importe que ce nouveau produit ne change rien à la surexploitation éhontée des nappes d’eau ni à la pollution plastique qui ravage la planète, le vivant. Le plus important n’est-il pas de faire croire aux pseudo-bienfaits du nouveau capitalisme vert et de continuer à vendre ? 

Arrosage mondial

Cette stratégie de crise, la multinationale l’applique dans tous les pays où elle est implantée, sur les cinq continents, en s’appuyant aussi très fortement sur son partenariat avec la fédération internationale de la Croix rouge.

En voici une éclairante illustration avec les primes aux salariés et les aides à la communauté déversées en Suisse, pays siège de la multinationale.

Gloire à Nestlé ? NON !

Nous n’avons pas besoin de la charité de Nestlé ni de celles d’autres multinationales (dont ses alliées Total, Amazon, Carrefour, Axa…) qui déploient une  « stratégie du choc » à l’occasion de la crise covid. Que les Etats arrêtent de leur faire des cadeaux (exonérations de cotisations et de taxes, subventions, crédit d’impôts etc.) ! Qu’elles cessent leur politique de précarisation de l’emploi, qu’elles augmentent leurs salariés au lieu de leur filer des primes et de distribuer des dividendes aux actionnaires ! Qu’elles payent des impôts sur leurs fortunes, leurs profits. En bref, qu’elles rendent l’argent ! 

A Vittel, souvenons-nous des milliers de suppressions d’emplois opérées par Nestlé depuis son arrivée sur les deux sites d’embouteillage de Vittel et Contrexéville (environ 4 500 en 1975, moins de 1 000 aujourd’hui et l’annonce de 110 postes en moins d’ici 2022).

N’oublions pas surtout que le problème d’eau n’est pas réglé. Nestlé garde la mainmise sur l’ensemble des nappes phréatiques qu’il continue de siphonner, en toute opacité et avec la complicité de l’état et des principaux élus locaux, ceux-là même qui ont profité des élections municipales puis du confinement pour suspendre toute concertation et toute information sur ce sujet.

Au plan mondial, ouvrons les yeux sur la situation de l’eau avec Nestlé au Canada, aux Etats-Unis, au Brésil. La stratégie de la multinationale est la même là-bas et ici, en France.

Malgré la crise sanitaire, malgré le changement climatique, Nestlé continue de piller l’eau et polluer la planète avec son plastique. Nestlé nous tue avec ses pratiques écocides. Il est hors de question de les laisser pérenniser demain.

STOP NESTLE !
L’eau pour la vie, pas pour le profit !

Renée Lise Rothiot - L'eau qui mord