Luttes contre l'accaparement de l'eau et la pollution des milieux aquatiques par les entreprise privées en Europe

Mönchengladbach, 19 août 2022

Atelier animé par l'European Water Movement et Attac, durant l'ESU (European Summer University of social movements).

L’industrie minière et l'industrie de l’eau en bouteille accaparent l’eau et polluent les milieux aquatiques, de même que certaines usines et infrastructures de transport. Dans plusieurs endroits en Europe, la société civile s’organise pour lutter contre ces entreprises privées qui ne respectent pas la réglementation européenne dans le domaine de l’eau.

Plusieurs de ces luttes ont été présentées durant l'atelier :

Enfouissement de déchets industriels par Stocamine dans les galeries d'une ancienne mine de potasse en Alsace
Yann Flory - Philippe Aullen | Collectif Destocamine
Diaporama (français sous-titré en allemand)

Nestlé à Vittel, le pillage continue
Bernard Schmitt | Collectif Eau 88 - Eau Qui Mord
Vidéo (français) ou Vidéo (français sous-titré en allemand) 

L'industrie de l'eau en bouteille en Italie, le cas de Rocchetta SPA dans les Appenins
Michel Droin | Comitato Umbro acqua Pubblica
Vidéo (français sous-titré en allemand) - Diaporama (français sous-titré en allemand)

Projet d'extension de l'aéroport de Barcelone dans le delta du Llobregat
Jordi Fortuny | SoS Baix llobregat
Diaporama (français sous-titré en allemand) 

Bien évidemment, il existe beaucoup d'autres luttes remarquables contre l'industrie de l'eau en bouteille (Danone à Volvic, Coca Cola à Lüneburg...), l'industrie minière et le stockage des déchets (pollution saline des sols et des milieux aquatiques par les mines de potasse en Allemagne et en Espagne, projets de stockage de déchets nucléaires en France et en Croatie-Bosnie-Herzégovine, projets de mines de lithium dans les Balkans...), l'industrie du transport et ses infrastructures (Giga factory de Tesla à Berlin-Brandenburg, construction d'autoroutes et de lignes ferroviaires à grande vitesse...), mais aussi contre le développement de systèmes d'irrigation au service de l'agroindustrie et la relance de la construction de barrages et centrales hydroélectriques.

Le débat qui a suivi les présentations a permis de réfléchir à comment :

  1. faire mieux converger ces luttes au niveau européen
  2. utiliser la réglementation européenne pour contraindre les entreprises privées et les Etats membres qui les soutiennent à ne pas accaparer l’eau ni à polluer les milieux aquatiques 

Ces luttes sont d'autant plus importantes qu'elles se mènent alors que le changement climatique aggrave la crise de l'eau.

Le Forum Alternatif Mondial de L’eau #FAME2022 débute aujourd’hui

Tous les trois ans, le Conseil mondial de l’eau organise le Forum mondial de l’eau. Le nom de ce forum n’est pas juste, car il s’agit d’un forum pour les entreprises privées de l’eau. Le Conseil mondial de l’eau est un lobby privé formé par les principales multinationales de l’eau, comme Agbar, Suez et Veolia, qui promeuvent la privatisation et la dérégulation des services publics d’eau et d’assainissement dans le monde.

C’est la raison pour laquelle les organisations et les personnes qui se battent pour que l’accès à l’eau soit un droit humain et un bien commun, organisent un contre-sommet appelé Forum alternatif mondial de l’eau (AWWF/FAME) pour chaque Forum mondial de l’eau. Nous travaillons dans un cadre commun qui considère l’eau comme un droit humain et un bien public non commercialisable. Et nous comprenons qu’un Forum mondial pour discuter des principales questions et problèmes liés à l’eau ne peut être coopté par des intérêts privés ou ignorer la participation des citoyens et, surtout, des communautés les plus touchées par le manque d’accès à l’eau.

Après le premier Forum de l’eau en 1997 au Maroc, le Forum mondial revient sur le continent africain, cette fois dans la capitale du Sénégal, Dakar. A l’annonce du forum officiel, les organisations locales et régionales se sont rapidement mobilisées pour organiser le forum alternatif (FAME). L’objectif de ce #FAME2022 est d’unir les efforts du monde entier pour garantir le droit à l’eau et protéger les ressources en eau, notamment pour les populations souffrant de pauvreté et d’exclusion sociale. Le #FAME2022 abordera les défis d’un accès sûr et abordable à l’eau, ainsi que le changement climatique et la gouvernance démocratique de l’eau.

Le programme du #FAME2022

Le FAME 2022 se tiendra du 21 au 25 mars. Il débutera par une grande manifestation populaire pour montrer notre rejet des politiques de privatisation et de spoliation de l’eau que subissent la ville et le pays sénégalais. Le 22 mars, #WorldWaterDay, il y aura une grande ouverture et une conférence de presse internationale, avec le soutien du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’eau et à l’assainissement et du maire de Dakar. Du 22 au 25 mars, il y aura plusieurs sessions plénières, des ateliers et des événements culturels et artistiques. On notera en particulier les réunions stratégiques pour la création d’un réseau africain de justice de l’eau. Le programme complet du forum est disponible ici.

Compte tenu des circonstances de la pandémie, le FAME 2022 à Dakar aura un format hybride pour permettre une participation virtuelle. Ne manquez pas l’opportunité de suivre le forum virtuellement. Inscrivez-vous à ce lien.

L’accès à l’eau, un enjeu crucial pour le nucléaire

Pour fonctionner, l’industrie nucléaire a besoin d’eau froide. Dès son origine, elle s’est assuré l’accès à de grands volumes de cette ressource, mais la multiplication des évènements climatiques extrêmes révèle la fragilité de la filière par rapport au débit des cours d’eau et aux limites réglementaires de température.

C’est un fait un peu oublié: l’eau est indissociable de l’industrie nucléaire. Tout réacteur thermique a besoin d’un apport continuel en eau froide pour reconduire à l’état liquide la vapeur qui sort d’une turbine et poursuivre le processus de production d’énergie. C’est pour cette raison que les centrales nucléaires sont très majoritairement situées en bord de mer ou de fleuve au débit important. Toutes les centrales relâchent, dans le processus de refroidissement, une part importante de l’énergie produite sous forme de chaleur, soit dans l’eau vers l’aval des fleuves ou en mer, soit dans l’air.

L’enjeu ici n’est pas la sûreté des installations, mais la possibilité même de produire de l’électricité. En amont du circuit de refroidissement, un débit trop faible ou une température trop élevée ne permettent pas de refroidir suffisamment le circuit secondaire. En aval, quand l’eau de refroidissement est rejetée, la réglementation environnementale impose aussi un débit et une température donnés pour maintenir des conditions vivables pour la faune et la flore aquatiques, mais aussi, plus prosaïquement, pour maintenir le « bon état écologique » en diluant suffisamment les rejets de toute sorte. 

Rapport de 2018 du CCR
Rapport de 2018 du JCR

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De la Bretagne à la Méditerranée, notre eau est en mauvais état

Partout en France, notre eau est en mauvaise santé. Peu intéressés par le sort des rivières, les gouvernements ne se sont pas attaqués au vrai problème : l’agriculture industrielle. Résultat, les consommateurs payent le prix fort.

L’eau, c’est la vie... mais que se passe-t-il quand notre eau n’est plus vive ? Nos rivières et nappes souterraines sont mal en point. Malgré des décennies de politiques ambitieuses, malgré des programmes d’actions touffus et des opérations tous azimuts, leur état ne s’arrange pas, ou si peu. Qu’est-ce qui cloche ?

L’Union européenne se préoccupe pourtant depuis longtemps de la qualité des eaux. En 2000, constatant leur état déplorable en Europe, Bruxelles a poussé pour l’adoption d’une directive-cadre volontariste sur le sujet : elle imposait aux États d’agir pour que les cours d’eau, les nappes, les lacs et les eaux littorales soient en « bon état », d’ici à 2015. Par « bon état », elle entendait une eau de bonne qualité, sans pollution (« bon état chimique » dans le langage de la Commission), en quantité suffisante — notamment pour les eaux souterraines — et des milieux en bonne santé, accueillant poissons et autres organismes aquatiques (le « bon état écologique »).

Las, quinze ans plus tard, les progrès étaient minces : moins de 40 % des eaux de surface étaient en bon état chimique, idem pour l’état écologique. L’Europe a donc accordé un généreux délai aux dirigeants : ils ont à présent jusqu’en 2027 pour atteindre le Graal.

La France y parviendra-t-elle ? En 2019, les Agences de l’eau ont dressé un bilan de l’état de leur bassin. Elles ont examiné les rivières et les plans d’eau, analysé les eaux littorales, scruté les nappes, cherché nombre de substances chimiques, compté les animaux aquatiques. « On a collecté plus de 3 millions de données », précise Guillaume Choisy, directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne. Tout ceci a permis de dresser un état des lieux de la santé de nos eaux. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas encourageant.

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Inondations en Belgique, Allemagne et Pays-Bas: ceci n’est pas une catastrophe naturelle

Article de Daniel Tanuro

Bruxelles, 17 juillet 2021

Au moment où nous écrivons, les terribles inondations qui ont frappé la Belgique, une partie de l’Allemagne et les Pays-Bas ont fait plus de cent morts. Des dizaines de milliers de gens ont dû être déplacés, ont tout perdu et resteront traumatisés à jamais. D’autres n’ont même pas eu cette « chance », hélas, et le grand nombre de personnes disparues (1300 en Allemagne) ne laisse malheureusement pas de doute: au final, le bilan macabre sera beaucoup, beaucoup plus lourd. Les dégâts matériels sont immenses, sans parler des impacts en termes de pollution des eaux et des sols (par les hydrocarbures, les métaux lourds, les PCB, les plastiques, les eaux d’égout, etc.).

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