Critique de l'économie politique de l'eau et alternative collaborative

Selon que l'on considère l'eau, et en général, l'accès à l'eau et l'assainissement, comme un bien commun, un bien social et un droit humain fondamental, ou à l'opposé, comme une marchandise et/ou un moyen permettant d'imposer les citoyens, la politique de gestion sera différente: elle sera privée, publique ou sociale, et reposera ou non sur la participation démocratique des citoyens et des travailleurs[1].

La gestion privée de l'eau existe dans le monde entier et ses conséquences sont maintenant connues: dégradation de la qualité de l'eau, augmentation des fuites d'eau, détérioration des infrastructures et augmentation des prix[1][2]. Les conséquences de la gestion publique, sociale ou communautaire, fondée sur la coopération entre les collectivités locales ou régionales, les coopératives, les syndicats et autres collectifs communautaires sont également connues: implication effective des citoyens, qualité renforcée des services et prix plus bas[1][3].

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Le tuyau

el tubo

“L'Algérie a projeté de faire un transfert d'eau depuis le Rhône ou depuis le Rhin pour «étancher la soif du désert», en considérant qu'elle «chauffe l'Europe» avec le gaz qu'elle envoie au continent à travers les gazoducs et qu'elle a droit à recevoir le même traitement.”

Forum Mondial de l'Eau, 19 avril 2011.

Quand nous nous sommes rendu compte de son importance, nous avions déjà deux cent millions de personnes raccordées et de son eau dépendaient quatre pays. La réalisation avait commencé comme un transfert d'eau du Rhône, chose qui nous fit rire, vu que cette eau était destinée à une zone (la Catalogne) qui avait ses usines de désalinisation arrêtées par manque de demande. Cela semblait une de ces constructions superflues et monumentales avec lesquelles le gouvernement accorde des faveurs aux groupes économiques qui le soutiennent, mais cela avait une autre signification : l'arrivée du Rhône à Barcelone a permis d'amener l'Ebre à Alicante et le Júcar au sud de l'Espagne, ensuite les trois bassins se sont interconnectés et il a été rendu impossible de distinguer la provenance de l'eau, on disait simplement qu'elle provenait du «tuyau». Le tuyau a continué à s'étendre jusqu'au Moyen Orient : Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et le Liban se sont raccordés au tuyau qui s'est mis à avancer vers la Mésopotamie avec comme prétexte l'échange de ressources énergétiques contre de l'eau. La libre concurrence du gaz et du pétrole avec l'eau a permis de maintenir une certaine stabilité des prix pendant un temps; mais de façon occulte les entreprises du «tuyau» et celles de l'«énergie» ont fusionné ou se sont absorbées les unes les autres. Il s'est produit une envolée des prix : les moyens de faire individuellement des économies ont diminué avec l’augmentation du prix du droit de raccordement. Plus les énergies fossiles s'épuisaient, plus l'eau devenait chère. Les pays continuaient à maintenir l'apparence de démocraties parlementaires de la même manière que l'entreprise du «tuyau» conservait les marques distinctes d'eau et d'énergie, simulant que des entreprises étaient en concurrence les unes avec les autres. Le coût de l'eau arriva à dépasser la moitié du salaire d'un travailleur moyen. Le capitalisme s'était ré-inventé lui-même : nous étions esclaves du tuyau.

Traduction en français d'une petite fiction écrite par Xarxa per una Nova Cultura de l'Aigua

Après le(s) DCE(s) : L'extinction de la participation publique dans les limites de la démocratie

Ce document de XNCA sera présenté au VIIIème Congrès Ibérique à Lisbonne sur la Gestion et la Planification de l'Eau, du 5 au 17 décembre 2013.

Pratiquement toutes les propositions de la XNCA (Xarxa per una Nova Cultura de l'Aigua) dans quelques 200 réunions tenues dans les 16 espaces de participation du premier cycle de planification DCE (2006-2008) et qui concernent plus d'une vingtaine de bassins fluviaux ont eu deux types de réponse : Ou bien proposition écartée car non viable (euphémisme pour dire qu'il n'y a pas consensus avec les bénéficiaires directs), ou bien proposition écartée par manque de compétences (autre euphémisme pour dire que l'agence promotrice du projet ne comptait pas sur la complicité du reste des départements). Toujours est-il que, malgré tous les formalismes de la technocratie participative, nous avons été capables de mettre sur la table de débat des questions qui touchent au développement économique; l'administration a alors rapidement entamé des négociations en parallèle avec les bénéficiaires directs pour qu'ils ne s'inquiètent pas et puissent continuer leur activité "pour le bien du pays" tandis qu'elle nous répondait que la proposition ne pouvait être acceptée ni étudiée par manque de compétences.

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Le rôle de la surconsommation de l'eau dans le chaos climatique

Notes pour l'International Women’s Earth and Climate Summit

Une composante cruciale manque à la fois dans l'analyse actuelle du chaos climatique et dans les solutions qui sont proposées pour y répondre. La plupart des universitaires spécialisés sur le climat et des activistes voient le chaos climatique comme résultant presque uniquement des émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion des carburants fossiles ainsi que de la pollution par le méthane des industries extractives et de l'élevage. La solution à la crise serait de réduire les émissions de CO2 et d'autres polluants dans l'air et de passer aux sources d'énergie alternatives et durables.

Je souscris pleinement aux apports de la science à cette analyse et je les soutiens. Je rejoins les autres activistes du climat dans la lutte contre l'usage croissant des carburants fossiles, surtout ceux venant de la fracturation hydraulique et de l'exploitation des sables bitumineux dans mon propre pays, le Canada. Mais je ressens fortement qu'il manque une pièce au puzzle, qui doit être prise en compte si nous voulons comprendre correctement la vraie nature de la crise. Ce morceau manquant est notre sur-exploitation de l'eau, sa mauvaise gestion et son détournement.

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Charte de l'Eau de Berlin

 

Wassercharta

Préface

Les participations privées dans la Berliner Wasserbetriebe (BWB, Société des Eaux de Berlin) ont été rachetées par le Land de Berlin fin 2013. Nous voulons aller plus loin et démocratiser à la fois la Berliner Wasserbetriebe et la politique de l'eau dans son ensemble, et ainsi parvenir à une gestion transparente, socialement juste et écologiquement durable de l'eau à Berlin.

Cela exige que l’ancienne société en partie privatisée retourne entièrement dans les mains du Land de Berlin. À cette fin, la Berliner Wassertisch a élaboré un projet de Charte de l'eau pour Berlin. Notre intention est de continuer à développer ce projet au moyen d'un large débat au sein de la société. Nous souhaitons réunir dans notre ville toutes les différentes expertises dans le domaine de l'eau, et inviter la population de Berlin à participer activement. Nous considérons la Charte de l'eau de Berlin comme une base pour les règlements statutaires et comme un guide pour la Berliner Wasserbetriebe.

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