Le Blueprint de la Commission met l'eau et la nature en vente

En matière de politique de l'eau, le maître-mot dans l'UE, c'est «rareté». Si l'on considère la chose sous un angle purement économique, quand un produit se fait rare, son prix augmente. Cela serait le cas si l'eau devait être vue comme une marchandise, ce que le Blueprint nous rappelle dès la première page. En qualifiant de rareté ce qui relève de notre mauvaise gestion et de la pollution des masses d'eau, aussi bien dans le sous-sol qu'en surface, on a donné à l'industrie la possibilité de fournir de nouvelles solutions de haute technologie: dessalement de l'eau de mer, réutilisation des eaux usées, eau en bouteilles dans les zones d'inondation et de sécheresse. Au lieu de considérer dans son ensemble la gestion de l'eau d'une manière durable en faisant des choix différents pour la production agricole et la production d'énergie, de revoir les procédures de décision pour y introduire la participation effective des citoyens, le Blueprint prescrit à nouveau la potion dont l'échec s'est avéré patent.

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Recouvrement des coûts et tarification dans le Blueprint

Le 14 novembre, la commission européenne a adopté le « Plan d’action pour la sauvegarde des ressources en eau de l’Europe » plus communément connu sous le nom de Blueprint. Le Blueprint est constitué de 18 mesures visant à rendre plus efficace la politique de l’UE dans le domaine de l’eau. Ces 18 mesures ont été proposées suite à l’évaluation du cadre législatif européen de la gestion de l’eau par la procédure dite du Fitness Check. Le Fitness Check a identifié des incohérences, des manques et des difficultés d’implémentation dans la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) adoptée en 2000 et dans plusieurs directives associées (eaux urbaines résiduaires, nitrates, eaux souterraines, inondations…). La plupart des mesures proposées par le Blueprint concernent les aspects économiques et financiers.

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La gestion et l'usage de l'eau en agriculture

Avis du Conseil Economique Social et Environnemental
Journal officiel de la république française - Avril 2013

La terre ne se cultive pas sans eau, l’eau ne se gère pas sans la terre. Conditionnée par son grand cycle naturel (précipitations, évaporation, ruissellement, infiltration...), les liens entre l’eau, les sols et donc l’agriculture, sont indissociables. Depuis des siècles, les agriculteurs aménagent l’espace pour gérer l’eau et améliorer leurs conditions de production.

Même si une multiplicité d’autres facteurs entre en compte, les mutations contemporaines des modes de production agricoles ont des conséquences sur le cycle naturel de l’eau et sur les équilibres de la ressource. L’occupation de l’espace rural et les procédés d’exploitation des terres influencent la quantité et la qualité de l’eau disponible sur un bassin versant. Les relations entre l’eau et l’agriculture constituent donc un enjeu majeur de société.

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La culture des bulles d'eau

Commentaires sur le Blueprint et la révision de la PAC

Le contexte

Alors que les deux tiers des experts spécialisés dans l'agriculture et l'eau, venant de tous les États membres, la Commission Européenne, et d'autres parties prenantes étaient d'accord pour dire que « la conditionnalité réciproque doit être renforcée, élargie et mieux respectée, afin d 'entraîner des effets positifs sur le plan écologique et d'atteindre les objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau »[1], la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) n'a proposé aucune mesure pertinente.

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Alternatives pour l'Eau

« Partout dans le monde, l’eau devient une denrée rare. C’est pourquoi nous voulons contrôler les sources »

Helmut Maucher, Directeur général de Nestlé 1990 – 1997

Le WRG (Water Resources Group, ou Groupe des Ressources en eau) a été constitué en 2008. Cette initiative lancée par Nestlé, Coca Cola, Pepsi et l’International Finance Corporation (IFC, ou Société financière internationale, une filiale de la Banque Mondiale) a pour objectif de “transformer le secteur de l’eau” en introduisant le secteur privé dans un service qui était jusque là un service public. Bien que, d’après le Compliance Advisor Ombudsman de l’IFC, 40% des plaintes reçues de toutes les régions du monde soient liées au problème de l’eau, et malgré les appels lancés en Europe, et surtout en France, en Italie et en Allemagne, par des mouvements sociaux très importants qui demandent que l’eau redevienne un bien public, la Banque Mondiale et l’industrie de l’eau en bouteille se sont unies pour promouvoir la privatisation de l’eau par des partenariats public-privé. Pourtant, ni Nestlé, ni Coca Cola ni Pepsi n’ont de compétences en matière de distribution d’eau ou d’assainissement. De plus, les uns comme les autres doivent faire face à des batailles juridiques et aux critiques de citoyens des endroits où ils ont pris le contrôle de l’eau. On a tous entendu parler des problèmes de Coca Cola en Inde et de Nestlé aux USA. Dans le “Briefing Report” de 2012 destiné au Forum économique mondial (1), où il donne une analyse assez juste, il est vrai, de la problématique de l’eau dans le monde, sans jamais oublier aucun des grands problèmes qui se posent un peu partout, le WRG omet cependant de mentionner la part que joue l’industrie de l’eau en bouteille dans ces problèmes. Il suffit pour s’en convaincre d’évoquer les faits suivants:

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