Lettre à Merkel contre la privatisation de l'eau



La crise européenne va être aggravée par la privatisation des services publics.

Madame la Chancelière,

Nous qui soutenons le projet commun d’une Europe unie, regardons avec beaucoup d’inquiétude la crise de l’euro et les mesures d’austérité qui sont imposées par l’UE, la BCE et le FMI à des pays comme la Grèce. En particulier, la privatisation imposée de biens public, parmi lesquels les services d’eau, ne sont pas favorables au redressement de l’économie grecque et conduiront au mieux à une diminution de la dette pour une courte durée. On vend des composantes essentielles du service public qui, à juste titre, bénéficient d’un statut privilégié tant dans notre constitution que dans plusieurs traités européens. Le gouvernement fédéral a rappelé le statut privilégié des services d’eau allemands, ce qui est à l’opposé des tentatives répétées de la Commission Européenne en faveur de la libéralisation et de la privatisation.

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La Commission européenne force les pays touchés par la crise à privatiser l’eau

Bruxelles – La Commission européenne promeut délibérément la privatisation des services de l’eau comme l’une des conditions imposées dans le cadre des plans de sauvetage, a-t-elle reconnu dans une lettre adressée aux groupes de la société civile [1]. La direction du commissaire européen Olli Rehn a répondu aux questions posées dans une lettre ouverte, écrite par des organisations de la société civile [2], concernant le rôle joué par la Commission quant à l’obligation de privatisation imposée par la Troïka à la Grèce, au Portugal et dans d'autres pays. Aujourd'hui, dans une deuxième lettre au commissaire Rehn, les organisations exigent qu'il « s'abstienne dorénavant de toute pression imposant des conditions de privatisation de l'eau ».

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Déclaration de Popayán

La Plateforme des Accords Publics-Communautaires des Amériques (PAPC) a décidé d'organiser la Rencontre Horizons sur la gestion publique et communautaire de l'eau les 25, 26, 27 septembre 2023 dans la ville de Popayán, Cauca, Colombie, afin de partager des expériences, des connaissances et des vécus qui nous permettent de renouveler notre compréhension des nouvelles et anciennes stratégies de dépossession et de privatisation de l'eau afin de les affronter, de s'organiser et de lutter contre elles.

Des personnes, des organisations et des mouvements des Amériques, d'Europe, d'Afrique et d'Asie se sont réunis pendant trois jours dans la capitale du département du Cauca, rendant hommage à ce territoire où convergent les luttes séculaires des peuples indigènes et des communautés noires et paysannes pour la défense de la terre, des cultures et de l'eau. Mais nous avons le regret de constater que certains de nos camarades d'Afrique et d'Asie n'ont pu être présents en raison de l'injustice et du racisme qui caractérisent la mobilité internationale à travers l'octroi arbitraire et inéquitable de visas et de titres de voyage. Nous déplorons les obstacles à l'entrée en Colombie de nos compagnons du Sud, qui démontrent que la mobilité internationale est contrôlée par des forces racistes et coloniales qui limitent les possibilités de solidarité en face-à-face entre les peuples anciennement colonisés. Nous insisterons pour faire tomber les barrières, rencontrer et renforcer les échanges des peuples du Sud.

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Le Forum Alternatif Mondial de L’eau #FAME2022 débute aujourd’hui

Tous les trois ans, le Conseil mondial de l’eau organise le Forum mondial de l’eau. Le nom de ce forum n’est pas juste, car il s’agit d’un forum pour les entreprises privées de l’eau. Le Conseil mondial de l’eau est un lobby privé formé par les principales multinationales de l’eau, comme Agbar, Suez et Veolia, qui promeuvent la privatisation et la dérégulation des services publics d’eau et d’assainissement dans le monde.

C’est la raison pour laquelle les organisations et les personnes qui se battent pour que l’accès à l’eau soit un droit humain et un bien commun, organisent un contre-sommet appelé Forum alternatif mondial de l’eau (AWWF/FAME) pour chaque Forum mondial de l’eau. Nous travaillons dans un cadre commun qui considère l’eau comme un droit humain et un bien public non commercialisable. Et nous comprenons qu’un Forum mondial pour discuter des principales questions et problèmes liés à l’eau ne peut être coopté par des intérêts privés ou ignorer la participation des citoyens et, surtout, des communautés les plus touchées par le manque d’accès à l’eau.

Après le premier Forum de l’eau en 1997 au Maroc, le Forum mondial revient sur le continent africain, cette fois dans la capitale du Sénégal, Dakar. A l’annonce du forum officiel, les organisations locales et régionales se sont rapidement mobilisées pour organiser le forum alternatif (FAME). L’objectif de ce #FAME2022 est d’unir les efforts du monde entier pour garantir le droit à l’eau et protéger les ressources en eau, notamment pour les populations souffrant de pauvreté et d’exclusion sociale. Le #FAME2022 abordera les défis d’un accès sûr et abordable à l’eau, ainsi que le changement climatique et la gouvernance démocratique de l’eau.

Le programme du #FAME2022

Le FAME 2022 se tiendra du 21 au 25 mars. Il débutera par une grande manifestation populaire pour montrer notre rejet des politiques de privatisation et de spoliation de l’eau que subissent la ville et le pays sénégalais. Le 22 mars, #WorldWaterDay, il y aura une grande ouverture et une conférence de presse internationale, avec le soutien du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’eau et à l’assainissement et du maire de Dakar. Du 22 au 25 mars, il y aura plusieurs sessions plénières, des ateliers et des événements culturels et artistiques. On notera en particulier les réunions stratégiques pour la création d’un réseau africain de justice de l’eau. Le programme complet du forum est disponible ici.

Compte tenu des circonstances de la pandémie, le FAME 2022 à Dakar aura un format hybride pour permettre une participation virtuelle. Ne manquez pas l’opportunité de suivre le forum virtuellement. Inscrivez-vous à ce lien.

Luttes contre l'accaparement de l'eau et la pollution des milieux aquatiques par les entreprise privées en Europe

Mönchengladbach, 19 août 2022

Atelier animé par l'European Water Movement et Attac, durant l'ESU (European Summer University of social movements).

L’industrie minière et l'industrie de l’eau en bouteille accaparent l’eau et polluent les milieux aquatiques, de même que certaines usines et infrastructures de transport. Dans plusieurs endroits en Europe, la société civile s’organise pour lutter contre ces entreprises privées qui ne respectent pas la réglementation européenne dans le domaine de l’eau.

Plusieurs de ces luttes ont été présentées durant l'atelier :

Enfouissement de déchets industriels par Stocamine dans les galeries d'une ancienne mine de potasse en Alsace
Yann Flory - Philippe Aullen | Collectif Destocamine
Diaporama (français sous-titré en allemand)

Nestlé à Vittel, le pillage continue
Bernard Schmitt | Collectif Eau 88 - Eau Qui Mord
Vidéo (français) ou Vidéo (français sous-titré en allemand) 

L'industrie de l'eau en bouteille en Italie, le cas de Rocchetta SPA dans les Appenins
Michel Droin | Comitato Umbro acqua Pubblica
Vidéo (français sous-titré en allemand) - Diaporama (français sous-titré en allemand)

Projet d'extension de l'aéroport de Barcelone dans le delta du Llobregat
Jordi Fortuny | SoS Baix llobregat
Diaporama (français sous-titré en allemand) 

Bien évidemment, il existe beaucoup d'autres luttes remarquables contre l'industrie de l'eau en bouteille (Danone à Volvic, Coca Cola à Lüneburg...), l'industrie minière et le stockage des déchets (pollution saline des sols et des milieux aquatiques par les mines de potasse en Allemagne et en Espagne, projets de stockage de déchets nucléaires en France et en Croatie-Bosnie-Herzégovine, projets de mines de lithium dans les Balkans...), l'industrie du transport et ses infrastructures (Giga factory de Tesla à Berlin-Brandenburg, construction d'autoroutes et de lignes ferroviaires à grande vitesse...), mais aussi contre le développement de systèmes d'irrigation au service de l'agroindustrie et la relance de la construction de barrages et centrales hydroélectriques.

Le débat qui a suivi les présentations a permis de réfléchir à comment :

  1. faire mieux converger ces luttes au niveau européen
  2. utiliser la réglementation européenne pour contraindre les entreprises privées et les Etats membres qui les soutiennent à ne pas accaparer l’eau ni à polluer les milieux aquatiques 

Ces luttes sont d'autant plus importantes qu'elles se mènent alors que le changement climatique aggrave la crise de l'eau.

De la Bretagne à la Méditerranée, notre eau est en mauvais état

Partout en France, notre eau est en mauvaise santé. Peu intéressés par le sort des rivières, les gouvernements ne se sont pas attaqués au vrai problème : l’agriculture industrielle. Résultat, les consommateurs payent le prix fort.

L’eau, c’est la vie... mais que se passe-t-il quand notre eau n’est plus vive ? Nos rivières et nappes souterraines sont mal en point. Malgré des décennies de politiques ambitieuses, malgré des programmes d’actions touffus et des opérations tous azimuts, leur état ne s’arrange pas, ou si peu. Qu’est-ce qui cloche ?

L’Union européenne se préoccupe pourtant depuis longtemps de la qualité des eaux. En 2000, constatant leur état déplorable en Europe, Bruxelles a poussé pour l’adoption d’une directive-cadre volontariste sur le sujet : elle imposait aux États d’agir pour que les cours d’eau, les nappes, les lacs et les eaux littorales soient en « bon état », d’ici à 2015. Par « bon état », elle entendait une eau de bonne qualité, sans pollution (« bon état chimique » dans le langage de la Commission), en quantité suffisante — notamment pour les eaux souterraines — et des milieux en bonne santé, accueillant poissons et autres organismes aquatiques (le « bon état écologique »).

Las, quinze ans plus tard, les progrès étaient minces : moins de 40 % des eaux de surface étaient en bon état chimique, idem pour l’état écologique. L’Europe a donc accordé un généreux délai aux dirigeants : ils ont à présent jusqu’en 2027 pour atteindre le Graal.

La France y parviendra-t-elle ? En 2019, les Agences de l’eau ont dressé un bilan de l’état de leur bassin. Elles ont examiné les rivières et les plans d’eau, analysé les eaux littorales, scruté les nappes, cherché nombre de substances chimiques, compté les animaux aquatiques. « On a collecté plus de 3 millions de données », précise Guillaume Choisy, directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne. Tout ceci a permis de dresser un état des lieux de la santé de nos eaux. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas encourageant.

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