Manifeste pour la Justice de l'Eau

Les organisations, Peuples Autochtones, mouvements sociaux et défenseurs de l'eau soussignés s'adressent aux Nations unies dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l'eau de 2023 pour amplifier la voix de ceux qui ne sont pas audibles et demander à ce que les questions fondamentales suivantes soient placées au centre des politiques relatives à l'eau aux niveaux mondial, régional, national et subnational :

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Femme Vie Liberté

L'European Water Movement aux côtés des femmes et des hommes qui luttent en Syrie, en Irak, en Turquie et en Iran contre la guerre et la répression, pour un nouveau modèle de société démocratique

Ces derniers mois, les femmes et les hommes kurdes résistent à l'agression du régime turc en Syrie et en Irak. L'armée turque cible les infrastructures civiles dans le nord de la Syrie, comme les centrales électriques, les entrepôts de céréales, les hôpitaux et le système de distribution d'eau, ce qui fait craindre une grave crise humanitaire plus tard cet hiver.

Les femmes et les hommes résistent également à la répression du régime iranien contre les femmes, les jeunes et les minorités, y compris kurdes. Les femmes, en particulier, sont à la tête de plusieurs manifestations en Iran, malgré les risques et les souffrances accrus qu'elles encourent. Pendant ce temps, la ségrégation hydrique persiste dans diverses régions iraniennes, comme l'apartheid de l'eau en Palestine.

Au cri de "Femme, Vie, Liberté", des femmes et des hommes se battent pour un nouveau modèle de société alternatif aux régimes autocratiques et patriarcaux en Syrie, Irak, Turquie, Iran.

L'European Water Movement exprime sa solidarité à toutes ces personnes et communautés et appelle l'opinion publique à se mobiliser et les institutions à prendre des mesures efficaces pour l'arrêt immédiat des agressions militaires et des répressions, pour la libération des personnes détenues et pour la reconnaissance des instances de liberté, de justice et d'inclusion soutenues par le confédéralisme démocratique et par tous ceux qui manifestent en Iran, en Turquie et dans tout le Moyen-Orient. Elle exige enfin la protection des exilés et des réfugiés à l'étranger et la garantie de leur exclusion de tout risque d'extradition. A cet égard, elle dénonce l'accord honteux qui a conduit à l'extradition du militant kurde Mahmut Tat de Suède vers la Turquie.

Appel à la défense de l'eau

Vers la prochaine conférence des Nations Unies sur l'eau en mars 2023

À la lumière de la convocation par l'Assemblée générale des Nations Unies de la Conférence sur l'examen complet à mi-parcours de la mise en œuvre des objectifs de la Décennie internationale d'action sur l'eau pour le développement durable 2018-2028 (la Conférence des Nations Unies sur l'eau de 2023) à New York, du 22 au 24 mars 2023, précédée par le Forum social du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, qui s'est tenu dans la salle des Assemblées du Palais des Nations à Genève, les 3 et 4 novembre 2022, sur le thème de l'eau pour les droits de l'homme et le développement durable - les mouvements pour la justice de l'eau appellent à une participation active et créative pour influencer ces processus et à des actions parallèles et alternatives pour s'opposer et contrecarrer le lobbying et la capture de ces agendas par le pouvoir des entreprises.

Face à la crise de civilisation imposée par le capitalisme, qui s'exprime dans la crise climatique et qui promeut l'accumulation, la dépossession et le consumérisme sans limite, les mouvements pour la justice de l'eau exigent que l'agenda de l'ONU reprenne la discussion sur l'eau en tant que substance de la vie et bien commun qui ne devrait jamais être soumis à la marchandisation, la commercialisation et la financiarisation. Il est également urgent de mettre un terme à la destruction et à la pollution des sources d'eau vitales par les industries extractives et l'agriculture industrielle. Il est impératif que les discussions sur l'eau en tant que bien commun, droit et intégralité des droits de l'homme soient éclairées par l'intérêt public et non par les intérêts des entreprises et des marchés mondiaux de l'eau.

L'eau, ses usages et sa gestion, sont étroitement liés aux mécanismes démocratiques et aux droits de l'homme, et il est incompréhensible de faire l'éloge d'un monde démocratique alors que des formes sophistiquées de privatisation et de privation de l'eau sont présentes dans de vastes régions et pays. La privatisation des territoires hydriques, des écosystèmes essentiels au cycle hydrosocial, des systèmes publics d'eau pour la consommation humaine et/ou de leurs composantes de gestion, ainsi que le mépris de la gestion territoriale et démocratique de l'eau par les systèmes communautaires organisés, sont des dispositifs corporatifs de dépossession du patrimoine matériel et immatériel des communautés.

Cet appel demande la présence et la voix des peuples indigènes, des communautés et des peuples opprimés et réprimés, des communautés urbaines paysannes et populaires, des femmes qui sont les protagonistes des luttes et des actions de résistance et pour la défense de l'eau et de la vie et dans les processus de gestion communautaire de l'eau, des organisations syndicales, des opérateurs et des usagers de l'eau publique, sur la base de leurs propres paroles, expériences et pratiques vécues, fondamentales comme alternatives à la dépossession et à la privatisation.

Le Forum social qui se déroule à Genève est d'une importance vitale. Nous demandons instamment aux différents acteurs, pays, délégations, organisations et mouvements sociaux présents de centrer la discussion sur la relation entre le droit humain à l'eau et la démocratie mondiale et sur une discussion franche de la crise de civilisation, de l'urgence climatique et des transitions nécessaires pour préserver la vie sur la planète.

Dans le cadre de la présentation du rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme à l'eau et à l'assainissement Pedro Arrojo-Agudo à New York en mars 2023, nous invitons la participation active des réseaux sociaux et des organisations ; leur mobilisation est essentielle. Il est vital que les mouvements sociaux, d'opérateurs publics et/ou communautaires s'allient et se mobilisent pour établir un contrepoids au fort lobby corporatif dans le cadre de l'événement et en faveur d'une gestion publique et démocratique de l'eau.

De la même manière, nous saluons et exprimons notre soutien au mandat du Rapporteur spécial et à son appel à l'intégration des droits de l'homme. Cet appel trouve un écho dans les observations faites par les Rapporteurs de l'Environnement, des Peuples Autochtones et de la Santé visant la protection, le respect et la jouissance effective du droit humain à l'eau, à la terre et au territoire, au logement, à la participation et à la progressivité de l'ESCER.

Participer et proposer

Il est urgent et nécessaire de maintenir, d'approfondir et de trouver une résonance au dialogue entre les mouvements sociaux qui luttent pour l'eau comme un droit humain et un bien commun. Il est également urgent de créer un front commun et démocratique pour éviter que la Conférence des Nations unies sur l'eau de 2023 ne finisse comme un autre forum coopté par des intérêts privés et des prédateurs environnementaux.

Nos organisations et réseaux organiseront des événements au cours desquels nous diffuserons cet appel et délibérerons sur les alternatives. En Colombie, la huitième réunion nationale des aqueducs communautaires de Colombie en défense de la gestion communautaire de l'eau s'est tenue du 12 au 15 août, et nous organiserons la conférence "Notre avenir est public" au Chili, du 29 novembre au 2 décembre, afin de sensibiliser le public et de créer un élan politique autour de l'importance de services publics forts et innovants pour garantir les droits de l'homme et relever les défis du XXIe siècle.

Nous devons dénoncer l'agenda corporatif de l'eau et proposer des alternatives socio-écologiques qui permettent la permanence de la vie sur notre planète et garantissent le bien-être de nos communautés et de nos peuples. Rejoignez cet appel mondial.

African Water Commons Collective
Aigua és Vida, Catalogne
Asociación Española de Operadores Públicos de Abastecimiento y Saneamiento, Espagne
Asociación Internacional de Ingeniería Sin Fronteras, Espagne
Blue Planet Project, Canada
Corporación Ecológica y Cultural Penca de Sábila, Colombie
Emp’act, Suisse
ENDA, Colombie
Fundación Abril, Bolivie
Observatório Nacional dos Direitos à Água e ao Saneamento, ONDAS, Brésil
Red Agua Pública, Espagne
Red Nacional de Acueductos Comunitarios, Colombie

Organisations et réseaux internationaux

Africa Water Justice Network
Blue Planet Project
Ecumenical Water Network
European Water Movement
The Oakland Institute, États-Unis
Peoples’ Water Forum
Plataforma de Acuerdos Público Comunitarios de las Américas, PAPC
Public Services International
Red Vigilancia Interamericana para la Defensa y Derecho al Agua, REDVIDA

Pour ajouter votre organisation à cet appel, veuillez envoyer un courriel à l'adresse suivante Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Lettre au gouvernement français sur la proposition de règlement visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables

30 novembre 2022

Monsieur le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires,
Madame la ministre de la transition énergétique,

Le mouvement européen pour l’eau, dont sont membres les associations françaises signataires de cette lettre, a été averti par la Fundación Nueva Cultura del Agua (FNCA) des problèmes juridiques et environnementaux soulevés par la proposition de règlement visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Voir l’analyse en espagnol de cette proposition par la FNCA et sa traduction en français.

Comme vous le savez, cette proposition de règlement adoptée par la Commission européenne le 9 novembre 2022 est censée être appliquée par l’ensemble des Etats membres après le vote du Conseil le 19 décembre 2022 et sa publication dans le Journal Officiel de l’Union Européenne.

Pour nous, il ne fait aucun doute que l’application en France de ce règlement pendant 18 mois, en supprimant l’obligation d’effectuer une étude d’impact environnemental pour les projets de déploiement d’énergies renouvelables, va conduire à la destruction irrémédiable de bon nombre d’écosystèmes notamment aquatiques. Couplée aux « simplifications » récentes du code de l’environnement concernant l’implantation d’activités économiques, l’application de ce règlement rendra totalement illusoire l’objectif européen de « niveau élevé de protection et d'amélioration de la qualité de l'environnement » auquel ont souscrit la France et les autres Etats membres de l’Union européenne.

C’est pour ces raisons que nous demandons au représentant français de voter contre cette proposition de règlement lors de la réunion du Conseil.

Pouvez-vous nous dire quelle est la position du gouvernement français sur cette proposition de règlement et, dans la perspective d’un vote favorable de la France lors de la réunion du Conseil, qu’est-ce qui va motiver ce vote ? 

Signataires :

Eau Secours 34

190, rue de la Combe Caude
34090 Montpellier

Coordination Eau Ile-de-France

103 bis, rue de Charenton
75012 Paris

Eau Bien Commun PACA

La Base
3, rue Pierre Roche
13004 Marseille

Eau Secours 31

s/c CASC
10 bis, rue du colonel Driant
31400 Toulouse

Fichier pdf de la lettre

Journée Mondiale des Zones Humides : Quel constat pour les zones humides en Europe ?

La Journée Mondiale des Zones Humides aura lieu le 2 février sous l’égide des Nations Unies. Le 2 février est la date anniversaire de la Convention Ramsar sur les zones humides que l’Union Européenne et tous ses Etats membres ont signé.

Les zones humides sont non seulement des réservoirs de biodiversité mais elles sont également cruciales pour la gestion durable des ressources en eau, tant d’un point de vue quantitatif (recharge des nappes) que qualitatif (épuration). Elles atténuent les inondations et les tempêtes côtières et fournissent de l’eau en période de sécheresse, limitant ainsi les effets du changement climatique.

Or, les zones humides régressent partout dans le monde sous de multiples pressions anthropiques (occupation des terres et drainage des sols par l’agriculture intensive et l’urbanisation, augmentation des prélèvements en eau, extraction minière, pollutions). Selon la Commission Européenne, les deux-tiers des zones humides a disparu depuis le début du XXe siècle en Europe. Principale cause de disparition des zones humides en Europe, leur transformation en terres agricoles a ralenti ces dernières années alors que les aménagements urbains et touristiques et le développement d’infrastructures de transport en lieu et place de zones humides ont quant à eux augmenté.

Partant de ces constats, la Journée Mondiale des Zones Humides appelle à des actions pour préserver les zones humides actuelles et restaurer dans la mesure du possible celles que nous avons dégradées.

Qu’en est-il des zones humides en Europe ?

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